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Penser la liberté ? Existe-t-elle vraiment ? Qu’est-ce qu’être libre ? Ces questions donnent le vertige. Quelques courageux se sont tout de même plongés dans les eaux troubles du concept de liberté.
Descartes : La liberté se loge dans le choix
Descartes est un catholique du XVIIe siècle. Il puise dans sa religion la racine de sa définition de la liberté. Chez les catholiques, les êtres humains reçoivent comme suprême don le libre arbitre de la part d'un Dieu tout-puissant qui a le pouvoir de nous contraindre à faire le bien, mais qui nous laisse pourtant la liberté de choisir le mal.
C’est ici que se loge la liberté.
Car si Dieu choisit pour moi, je n’aurais aucun mérite à bien faire et surtout je n’ai pas le choix. Je ne suis pas libre.
En revanche, si je suis libre de choisir de faire le bien ou le mal, c’est le fruit de ma réflexion et de ma motivation. J’avais une alternative, je pouvais choisir de mal faire, mais j’ai choisi moi-même de faire le bien ou le contraire.
Donc mon degré de liberté est corrélé au nombre de choix que j’identifie. Plus j’ai d’alternatives possibles, plus ma liberté est grande. Et pour identifier tous les choix possibles, je dois travailler sur mes connaissances et sur ma raison.
Pour Descartes, le plus haut degré de liberté est celui qui amène à faire des choix instruits par la raison et la morale pour marier le vrai avec le bien.
Au fond, Descartes pense avec quelques années d’avance la liberté des Lumières.
Pour en savoir plus :
Camus : la liberté est le fruit de l’absurde
Dans Le mythe de Sisyphe, Albert Camus s’interroge sur le sens de la vie. Sa quête le mène très vite à l’absurdité de notre existence. L’absurde « naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. ».
Alors non, selon Camus, il n’y a pas de sens à la vie, il n’y a pas de grand dessein, il n’y a pas de destin. Mais s’il n’y a pas de sens à la vie, pourquoi vivre ? Autrement dit, faut-il envisager le suicide tout de suite ?
Non. Car si le sens de la vie n’existe pas, la vie, elle, existe et c’est là le principal. Il faut se réjouir de vivre, se réjouir de l’instant et de ce qui vous entoure.
Cette absurdité du monde est en fait libératrice. Elle ne nous enferme dans aucun déterminisme ni aucune fatalité. Et c’est très bien comme ça.
Il faut donc embrasser l’absurdité du monde car ce baiser est libérateur : il nous réconcilie avec nous-même, nous invite à prendre nos propres décisions et vivre pleinement nos sensations sans craindre d’être jugé(e) ou de coller au sens inexistant du monde.
C’est sur le chemin de l’absurdité du monde que l’on trouve la liberté selon Camus.
Pour en savoir plus :
Marc Aurèle : l’esprit est le dernier refuge de la liberté
Marc Aurèle, empereur romain du IIe siècle après J.-.C, est un des représentants les plus célèbres du stoïcisme. Ses « Pensées pour moi-même » sont une sorte de journal intime philosophique où le dirigeant romain notait quotidiennement les apprentissages spirituels de la journée.
Pour les Romains, ce qui est arrivé devait arriver. Est-ce à dire que la liberté n’existe pas ? Pas tout à fait. La philosophie déterministe des Latins et des Grecs ne doit pas cacher l’oasis de liberté que les stoïciens se sont employés à cultiver : l’esprit.
Marc Aurèle nous fait le cadeau dans les premières pages de ses “Pensées” du résumé sa philosophie :
“Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines, à ce qu’il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par faux-semblant, à ce qu’il ne s’attache point à ce que font les autres font ou ne font pas. Et, en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu, comme venant de là même d'où lui-même est venu. Et surtout, à attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant.”
C’est donc un curieux mélange que la philosophie stoïcienne : la cohabitation du destin et de la liberté de faire ses choix quoi qu’il advienne en restant le plus apathique possible.
Si le corps est une prison, l’esprit est toujours libre.
(Et je m’aperçois en écrivant ses lignes que Florent Pagny est un chanteur stoïcien.)
Pour en savoir plus :
Kant, Spinoza, Arendt, Bergson… On ne compte plus le nombre de grands esprits qui se sont penchés sur la question de la liberté. Et je ne parle pas des poètes, chanteurs (nous l’avons vu) et plus largement du monde de la littérature.
Dans toutes ses analyses, on retrouve ce combat entre la nature, le corps et l’esprit pour créer l’espace nécessaire au libre arbitre. Au fond, c’est cet espace que l’on nomme Liberté.
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