La chute de la République romaine
Retour sur le fonctionnement de la République romaine et sur les grands personnages qui l’ont construite et détruite.
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La république est toujours le fruit d’une révolte contre un pouvoir trop incarné et trop fort. Le dernier roi de Rome, le tyrannique et cruel Tarquin, est chassé du pouvoir en 509 av. J.-C après la révolte du peuple menée par le général Collatin. L’ère républicaine romaine commence. Mais sur quelles bases institutionnelles ?
Débarrassés du roi, ce sont les Patres (les Pères, ce qui donnera le mot Patricien), noblesse romaine descendante des cent premiers compagnons de Romulus, qui se chargent de bâtir les institutions.
L’objectif ? Éloigner la menace du pouvoir d’un seul homme sur tous. Rome ne veut plus de roi.
L’éternelle dispute entre la Rome du haut et la Rome du bas
Le Sénat est une assemblée qui réunit les Patriciens. Elle désigne parmi les magistrats les consuls en charge du pouvoir exécutif pendant un an et un an seulement tous les 10 ans au mieux. Certains sont restés célèbres comme Cicéron.
Le pouvoir est donc entre les mains d’un nombre très restreint de romains qui ont en commun d’être plus riches que le reste du peuple. Comme le dit Alexandra Pierré-Caps, c’est donc à la fois une oligarchie et une ploutocratie où la Plèbe n’a pas son mot à dire. Le vers est dans le fruit.
Très vite, les premières émeutes éclatent.
Dès 494 av. J.-C, la Plèbe, et notamment les soldats, se révolte contre le gouvernement des Patriciens et se retire sur la célèbre colline de l’Aventin laissant le Sénat sans défense face aux invasions extérieures.
Bien obligés de transiger, les Patriciens font évoluer les institutions.
Désormais, le tribun de la Plèbe représentera le peuple et défendra ses droits. Mais ce n’est qu’en 286 av. J.-C que les institutions évoluent à nouveau sur ce plan et désormais, les résolutions votées par la Plèbe ont pour vocation à devenir des lois. Ce sont les fameux plébiscites.
Ces différentes avancées stabilisent peu à peu les institutions mais tout cela est lent. Trop lent alors que Rome devient à force de conquêtes la puissance riche et dominante de la Méditerranée.
La crise de croissance de Rome
Rome se développe et avec elle le désir croissant de partage des richesses :
“Ainsi les autres cités italiennes, alliées de Rome et soumises à celle-ci, réclament-elles avec force un traitement équitable et l’accès à une citoyenneté pleine et entière. D’autre part, à l’intérieur même de Rome, la Plèbe se montre de plus en plus vindicative et aspire à un meilleur partage des richesses. L’armée, de plus en plus professionnalisée, menace elle-même le pouvoir.”
André Larané, Herodote.net
On assiste paradoxalement à la fin de la classe moyenne romaine. Les terres conquises sont un vivier d’esclaves qui remplacent petit à petit les plébéiens qui se retrouvent ainsi sans revenus et sans ressource. Les esclaves représenteront jusqu’à 30 % de la population.
Les frères Gracques, tous deux tribuns de la Plèbe, imaginent à partir de 133 av. J.-C des dispositifs de redistribution des richesses allant de la distribution de terres des cités conquises aux membres de la Plèbe (la Lex Sempronia) afin de recréer une classe moyenne à la distribution à bas prix de blé aux citoyens romains.
Mais les vents contraires sont trop forts et l’aristocratie qui se voit amputée d’une partie de ses terres mettra fin aux réformes agraires des deux frères, qui sont tous les deux assassinés à quelques années d’écart lors d’une première guerre civile.
« La mort de Tibérius Gracchus, et déjà, avant elle, tout le déroulement de son tribunat, divisèrent le peuple jusqu’alors uni, en deux partis. »
Cicéron, De Republica
La République Romaine est dès lors en sursis.
À ce sujet, je vous invite à regarder cette émission avec
:Le mythe de l’homme providentiel
Le désir d’ordre et les différentes tentatives d’invasion vont amener les romains à trahir l’esprit de leurs institutions en confiant de plus en plus souvent et pour de longues années tous les pouvoirs à un seul homme.
Après le temps des disputes entre patriciens et plébéiens vient donc le temps des combats fratricides entre imperatores (les généraux victorieux). L’armée, qui jusqu’ici était un outil de conquête de nouvelles terres devient un outil menaçant de conquête du pouvoir même.
Il y aura tout d’abord Marius contre Sylla, le second étant le vainqueur du premier.
Puis l’arrivée au pouvoir de Pompée et avec lui de Crassus et d’un certain Jules César en 60 av. J.-C dans le cadre d’un accord tacite (et quasi mafieux), le Triumvirat.
Les ambitions de chacun auront rapidement raison de cette alliance.
En 49 av. J.-C., César ayant conquis la Gaule (sauf un village d’irréductible gaulois comme vous le savez) devient encombrant pour Pompée qui décide d’en faire un Hors-la-loi et lui retire son commandement par décret du Sénat.
L’armée de général rebelle franchit la rivière du Rubicon afin de reprendre le pouvoir en attaquant Rome avec son armée. Le sort en est jeté. C’en est fini de Pompée qui sera tué l’année suivante en Egypte par l’allié zélé de César, le Pharaon Ptolémée XIII, frère de Cléopatre.
César se fait nommer quelques années plus tard Dictateur à vie. Pour quelques sénateurs, encore attachés à l’esprit des institutions ou tout simplement soucieux de leurs intérêts, c’en est trop. Ils se chargent de l’assassiner en 44 av. J.-C ce qui déclenche une seconde guerre civile.
César ne deviendra donc pas le premier empereur de Rome. Il ne sera pas celui qui mettra fin officiellement à la République même si cela fait longtemps que l’esprit des institutions s’est perdu dans leur pratique.
C’est son successeur et petit-neveu Octave qui en 27 av. J.-C. se voit honoré du titre d’Auguste (le divin) par le Sénat et devient donc le premier empereur romain au terme d’une troisième guerre civile qui l’oppose à Marc-Antoine et se termine avec la bataille d’Actium.
Après cent ans de violence, la République a finalement accouché de l’Empire.
La violence est la sage-femme de toute vieille société enceinte d’une nouvelle.
Karl Marx
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